The Artist Academy : Parlez-nous de La fille de Sparte, que vous avez écrit en même temps que la masterclass.
La fille de Sparte est une enquête sur la fille du roi de Sparte, cette Clytemnestre que les hellénistes veulent scélérate.
Qui est-elle ? C’est Eschyle, l’inventeur au théâtre du dialogue, du mouvement, de la mise en scène, du costume, du décor, qui créait son personnage dans son oeuvre testament, l’Orestie. Et qui, avec l’Orestie, sortait Athènes, en une journée de théâtre, de deux ans de crise politico-judiciaire inextricable. Une oeuvre miraculeuse, passée sous le radar du grand public.
Clytemnestre s’y avère être la mère qui a manqué à Tristane Banon, Vanessa Springora, Camille et Victor Kouchner : celle qui ose se dresser contre l’agresseur de son enfant, fût-il un cador pour l’opinion publique.
C’est elle, Clytemnestre, qui, aussi, libère sa descendance de la malédiction paternelle : quatre générations de pères criminels, dont trois furent infanticides.
C’est le premier volet de l’enquête où je raconte l’Orestie au lecteur.
Deuxième volet, comment Eschyle a-t-il réussi à apaiser la crise athénienne avec l’Orestie ?
Troisième volet, comment se fait-il que les hellénistes prennent le parti du père égorgeur de sa fille contre la mère qui, dans un temps dépourvu de tribunaux où les proches de la victime doivent assurer la justice par une vengeance mesurée au crime, accomplit ce devoir, et crée les bases du tribunal ?
Mon étude de l’Orestie révèle qu’en 458 av. J.-C, Eschyle, loin d’être misogyne comme on nous le présente, a créé des personnages féminins puissants et géniaux.
Qu’il était fou de démocratie et, fin psychologue, maniait de main de maître un festival de phénomènes que le XXe siècle a dû redécouvrir : déni du deuil, lapsus, prescription auto-réalisatrice, manipulation sentimentale, syndrome de Stockholm, triangle dramatique, changement systémique… que les hellénistes n’ont pas vus.
Enfin que les dieux grecs, à l’apogée de la démocratie, n’étaient ni cruels, ni tout-puissants, ni capricieux. Mais coopéraient entre eux pour aider les mortels de bonne foi qui faisaient appel à eux.